2011 à aujourd'hui : un espace en métamorphose

2011 à aujourd'hui : un espace en constante métamorphose

Création du Silk me Back et de Vive la TASE !

Silk me Back

Initialement, le Silk me Back a été créée suite aux évènements de Fukushima afin d’exprimer un soutien élégant et créatif auprès des japonais en retour de l’aide que ceux-ci nous ont apportée lors de l’épidémie de la pébrine au XIXe siècle. Initié par Isabelle Moulin sur son blog personnel le 17 mars 2011, le Silk me Back a été lancé publiquement à l’usine TASE, lieu emblématique du patrimoine industriel textile rhônalpin lors des Journées Européennes du Patrimoine.

Projet fondateur de cette démarche, une collection de kimonos a su faire se rencontrer une vingtaine d’artistes contemporains avec les grandes maisons de soieries. Cette collection de kimonos a été exposée au Musée des tissus de Lyon et à la fondation Bullukian, aux soieries bonnet, à la galerie de Nesle pour la Fashion Week de Paris avant d’être vendue aux enchères à l’hôtel Westin Paris-Vendôme.

Les fruits de cette démarche ont été partagés avec les japonais lors d’un périple au long cours, deux ans jour pour jour après la catastrophe, dans la région du Tohoku, expédition dont témoigne un film le « Silk me Back in Japan » financé par la région Rhône-Alpes, la fondation Sasakawa et Air France.

Déroulant ce fil encore plus loin, le Silk me Back se décline aujourd’hui sur différents projets culturels. L’association est aujourd’hui une démarche artistique mettant en lien de multiples expressions contemporaines autour de la thématique de la soie et du textile à travers des expositions, des éditions, des programmes pédagogiques et des évènements.

Ces différents projets ont également donné lieu à la créations de livres (Les Collections Soyeuses) et objets édités en séries limitées. La vente des ces éditions permet de soutenir des missions de sauvegarde du patrimoine soyeux et textile telles que le conservatoire de mûriers de l’ex-Unité de Recherches en de Sériciculture de Sainte-Foy-Lès-Lyon, le Musée Industriel de l’École de la Martinière-Diderot et le métier à tisser la dentelle rebaptisé la Belle Dormante à Vaulx-en-Velin. 

montrer le logo de l'association Silk me Back de Madame Isabelle Moulin
Logo du Silk me Back de Madame Isabelle Moulin. Conception : Studio Pupik

Vive la TASE

La façade classée, L’usine en partie sauvée, Vive la TASE ! est créée pour donner sens à cette préservation. Elle choisit symboliquement de décliner son acronyme pour traduire cet objectif : Textile Art Science Energie. Le but de l’association est d’obtenir la reconnaissance de l’ensemble TASE mais aussi de Cusset en mobilisant d’autres associations liées au patrimoine industriel de la région.

Une commission régionale du patrimoine industriel de Patrimoine Rhônalpin est aors créée à la TASE en septembre 2011. Cette commission sera à l’origine du label Ensemble industriel remarquable en 2014.

Vive la TASE !,  c’est avant tout toucher avec art et science les habitants du quartier mais aussi le grand public pour convaincre les collectivités de s’engager dans la valorisation de ce patrimoine de valeur national.

montrer le dynamisme de l'association et de sa présidente Jocelyne Beard
Publique des Journées Européennes du Patrimoine 2021. Jocelyne Beard, en rouge, au centre de l'image. Photo : Maxime Sermet.

Labélisation de l'ensemble industriel Cusset-TASE comme "remarquable"

En 2014, la commission Patrimoine industriel de l’association Patrimoine Aurhalpin a lancé un recensement des Ensembles industriels remarquables (EIR). Un EIR est une unité de production en réseau avec d’autres éléments : autre unité de production, d’énergie, de transport, de vie (habitat, édifice scolaire, religieux, lieu de sociabilité). Ces éléments ont une cohérence entre eux (géographique ou de fonctionnement). L’ensemble a une histoire, une architecture ou même une symbolique qui le rend remarquable par son exemplarité ou par son caractère marquant dans le paysage régional.

L’EIR Cusset-TASE est le tout premier à avoir été labelisé en 2014 grâce à l’initiative de Jocelyne Beard, la présidente de l’association Vive la TASE ! L’obtention de ce label pour notre ancien secteur industriel s’explique par la qualité et la quantité des infrastructures encore debout aujourd’hui. La Petite Cité est quasiment intact et les éléments qui la compose avec, beaucoup d’immeubles de la Grande Cité subsistent, l’usine TASE nous offre encore une splendide façade de 300 mètres et l’usine hydroélectrique de Cusset est encore en fonctionnement. Cet ensemble exceptionnel témoigne du dynamisme économique du secteur au XXème siècle.

Témoin également de l’évolution du territoire, du dynamisme social et de la vie des ouvriers au début du XXème siècle, l’ensemble constitue un véritable musée à ciel ouvert, sans pareil dans la métropole.

 
montrer le logo des Ensembles industriels remarquables
Logo des Ensembles industriels remarquables. Patrimoine Aurhalpin.

Un Ensemble industriel remarquable comme écrin de notre expression

Depuis 20 ans, nos associations se mobilisent auprès des acteurs locaux pour la sauvegarde et la valorisation de l’Usine TASE à Vaulx-en-Velin. Ancienne usine de soie artificielle créée par la Famille Gillet en 1924, cette véritable colonie industrielle conçue sur le modèle britannique a offert à ces milliers d’ouvriers de 33 nationalités différentes jusque dans les années 1980 toute une infrastructure allant de l’unité de production, du laboratoire de recherches aux cités jardins et au dispensaire. Après sa fermeture, une dynamique citoyenne exemplaire a su préserver ce qui reste de ce trésor du patrimoine industriel textile hautement symbolique. Depuis le 25 mai 2011, la façade de l’usine TASE fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques.

Mais ce n’est pas pour autant que cette dynamique s’est essoufflée comme c’est souvent le cas à l’issue des longues batailles juridiques et arbitraires que nécessitent sauvegarde et classement. Bien au contraire, en s’inscrivant résolument dans une réflexion projective à l’encontre d’une muséification, les associations ont affirmé depuis, dans toutes leurs actions, qu’un patrimoine tel que celui-ci pouvait représenter un outil actif et créatif nous permettant de répondre aux questionnements de nos enjeux contemporains. Témoin vivant d’une époque révolue, il donne des clefs de compréhension sur ce qu’était la vie ouvrière au XXe siècle mais offre également les moyens de se questionner sur le devenir de l’industrie. Une bonne partie de la colonie Gillet comprenant usine, cités ouvrières, dispensaires et autres infrastructures ayant été préservées, le site de l’Usine et ses alentours incluant l’Usine Hydro-électrique de Cusset a été labellisé Ensemble Industriel Remarquable Cusset-Tase. Le site est affilié au réseau européen patrimoine industriel E-Faith.

Joyaux de cet écrin, l’Usine TASE a été pour moitié rénovée et parviendra en 2024 à l’issue complète de sa métamorphose. Depuis le classement de la façade Est de l’Usine Tase en 2011, la programmation mise en place par Vive la Tase ! et Silk me Back durant le chantier de rénovation urbaine a toujours su témoigner d’une vitalité et d’une pertinence sans cesse remise sur le métier. C’est ainsi que le site est devenu au fil des années une sorte de référent iconique de la culture industrielle métropolitaine. Depuis 2016, les deux associations bénéficient de l’usage de vastes locaux mis à leur disposition par la Métropole.

Petite Cité
Une partie de l'Ensemble industriel remarquable Cusset-TASE. Xavier Spertini.

Pour un espace de médiation artistique, scientifique et technique

Depuis dix ans Vive la TASE ! et Silk Me Back ont préfiguré des espace/temps hybrides témoignant de la valeur patrimoniale du site de l’Usine TASE tout en proposant des usages mixtes et modulables de type tiers lieu : vivant, actif, apprenant et en prise directe avec la vie citoyenne.

Comment transformer l’usine TASE en un lieu de transmission de la culture industrielle ? Comment développer programmes et outils pédagogiques de la maternelle à l’université ? Comment proposer à un public familial un point de départ de visites soyeuses ? Comment attirer les touristes d’ici et d’ailleurs ?

Imaginons un lieu de mixité, d’échanges transgénérationnels où pourraient se croiser aussi bien industriels, « textiliens », professionnels, usagers, techniciens, artistes, scientifiques, scolaires et séniors, grand public et publics spécialisés. Imaginons la mise en place d’un espace de co-working/fab’lab avec mutualisation et formation aux outils numériques et un espace atelier/rencontres avec programmation en lien avec les thématiques Culture industrielle et Histoire des innovations.

Un espace de médiation permettrait de mettre en réseau le monde de la formation et de l’entreprise. Faire se rencontrer nos partenaires historiques liés à la formation à l’exemple de l’INSA, l’École de la Martinière-Diderot, l’ENSATT, le Campus des métiers du textile, et l’Académie (écoles, collèges et lycées) avec nos partenaires textiles tels qu’Unitex, Intersoie, Techtera ou encore la Fondation Hermès. Mobiliser les grandes écoles d’ingénieurs du territoire l’ENTPE, l’ENSAL et L’ESITC pour élaborer une démarche pédagogique de type « main à la pâte et remédiation industrielle » capable de transmettre une connaissance concrète des transformations de la production et de la construction aux grands comme aux petits.

Cet espace pourrait être en lien avec les structures culturelles, scientifiques et techniques métropolitaines et régionales à travers, par exemple, une mise en résonance lors des grandes manifestations publiques telles que la Fête de la Science, les Biennales, la Fête des Lumières…. 

L’étape préalable à la conception de cet Espace a été franchie en 2012 avec la démarche « Esprit des Lieux » et sa volonté de conjuguer projet urbain et patrimoine en mobilisant l’ensemble des acteurs locaux. Cette démarche fédératrice peut avec la même volonté de conjugaison des acteurs publics et privés, institutionnels et associatifs, dégager les énergies nécessaires au développement d’une culture industrielle commune intégrant les défis de l’industrie de demain. La médiation industrielle appelle une large mobilisation de l’art et de la science pour expliquer notre passé industriel, comprendre les défis d’aujourd’hui et découvrir de nouvelles manières de produire en gestation.

Que l’usine TASE devienne un des lieux où ce travail sera engagé.